La rentrée littéraire des Editions Sabine Wespieser

Publié le par Liliwenn

Quatre romans pour ce quatrième round de la rentrée littéraire de septembre 2011 avec les Editions Sabine Wespieser, une petite présentation des sorties annoncées chez l'éditeur.

Les-villes-de-la-plaine.jpg Présentation de l'éditeur:

Dans une civilisation antique imaginaire, mais qui éveille en nous un curieux sentiment de familiarité, le scribe Asral se voit chargé de produire une copie neuve des lois. Grâce aux questions naïves de son garde Ordjéneb, il s'avise bientôt que la langue sacrée qu'il transcrit est vieillie et que la vraie fidélité à l'esprit du texte consisterait à le reformuler, afin qu'il soit à nouveau compris tel qu'il avait été pensé quatre ou cinq siècles plus tôt.

Peu à peu, cependant, le doute s'installe. Qui était Anouher, législateur mythique dont on a presque fait un dieu? Ces lois qui soumettent à un contrôle de chaque instant la vie publique, les relations privées et jusqu'au corps des femmes, sont-elles toutes de sa main? Et Asral a-t-il plus de chances de le savoir un jour que de se faire aimer de Djinnet, un jeune chanteur du faubourg des vanniers?

C'est tout le talent de Diane Meur que de nous faire réfléchir aux grandes questions de la religion et de nos systèmes politiques par le biais de ce récit haletant, où souffle un vent de liberté jubilatoire et contagieux. Nous suivons Asral dans sa quête, et Ordjéneb dans sa progressive initiation, avec le même plaisir que nous voyons se déliter l'un après l'autre les traditions et les rituels de cet ordre social rigide. Les suivrons-nous jusqu'au bout? Ou préférerons-nous retomber en proie à la fascination du mythe, comme ces archéologues prussiens que nous découvrons, vers 1840, en train d'exhumer les premiers vestiges de la ville disparue?

Entre drame et satyre, roman d'amour et fable rationaliste un peu folle, se trouve ici campé un univers qu'on quitte à regret, et qui ne dépaysera pas trop les lecteurs de La vie de Mardochée et des Vivants et les Ombres.

Les villes de la plaine de Diane Meur, en librairie le 25 août 2011.



Nestor-rend-les-armes.jpg Présentation de l'éditeur:

"Lui, c'était un homme d'excès. Un homme qui n'avait pas peur des outrances, prêt à vivre avec un corps et une mémoire démesurés. Il mangeait trop, dormait en criant, ne passait pas les portes et ne faisait aucun effort pour se lier."

Clara Dupont-Monod, avec ce nouveau portrait d'un être des marges, poursuit une oeuvre forte et singulière. Nestor est obèse. De cet homme désigné au regard des autres comme un monstre, elle tente, avec une paradoxale économie de mots, de saisir le mystère.

Au fil des pages, et comme à l'insu du lecteur, le gros père prend la dimension d'un être humain riche de son histoire. Celui dont le seul horizon est la photo d'un phare du bout du monde devient sous nos yeux un personnage: argentin, arrivé en France pendant la dictature, il y a retrouvé une jeune femme qu'il a épousée et avec qui la vie était douce. Jusqu'au drame qui inexorablement les a éloignés l'un de l'autre, au point qu'il finisse enfermé dans la rassurante forteresse de sa propre chair.

A force de patience et de tendresse, une jeune femme médecin parviendra peut-être à conjuger sa propre solitude à celle de ce patient peu ordinaire. La langue riche et précise de Clara Dupont-Monod agit comme un charme puissant pour suggérer l'indéfinissable attachement qui naît entre ces deux-là.

L'écrivain se garde bien de conclure: trois issues s'offrent au lecteur, comme s'il était impossible qu'une histoire aussi improbable et bouleversante finisse mal.

Nestor rend les armes de Clara Dupont-Monod, en librairie le 25 août 2011.



Sanctuaire-du-coeur.jpg Présentation de l'éditeur:

La fugue de Thanh plonge dans la stupeur ses parents, un couple de professeurs respectés, ainsi que toute la petite ville proche de Hanoi où vit cette famille modèle. A seize ans, le jeune homme était promis à un brillant avenir et n'avait jamais donné le moindre signe de trouble ni de rébellion.

Quand on le retrouve quatorze ans plus tard - en 1999, le temps du récit -, il est devenu gigolo, entretenu par une femme d'affaires rencontrée dans la maison close de Saigon où il exerçait ses talents de prostitué.

Comment - et pourquoi - ce jeune homme sans histoires en est arrivé là, c'est ce que dévoile ce roman diaboliquement construit.

Thanh a tout le temps, pendant ses longues journées dans la villa de la côte que seuls rythment des dîners dans des établissements de luxe, de se remémorer son passé.

Ses jeunes années sont autant de souvenirs lumineux: elles ont été à jamais marquées par la présence radieuse de Tra My, son amie de toujours, la petite fille que ses parents avaient recuueillie et dont il était tombé éperdument amoureux.

Sa descente aux enfers après sa fugue vient en sombre contrepoint de cette enfance heureuse: les scènes époustouflantes de son arrestation par erreur dans un hôtel de passe, de son emprisonnement avec des droit commun, ou de sa rencontre avec le proxénète qui l'a embauché donnent à Duong Thu Huong la matière d'un portrait sans appel d'une société vietnamienne déstabilisée et corrompue que dominent le sexe, le pouvoir et l'argent.

Quand Thanh ne supporte sa vie oisive d'objet sexuel et qu'il décide de prendre un nouveau départ, il ne peut s'empêcher de buter sur le traumatisme subi lors de ses seize ans. La scène qui le hante, et dont son propre père est l'acteur principal, donne la clé de sa dérive et du roman tout entier.

La question sous-jacente que pose en effet Duong Thu Huong tout au long de ce livre consacré aux enfants des hommes et des femmes de sa génération, celle qui s'est battue pour des idéaux et qui ne se reconnaît pas dans le Vietnam d'aujourd'hui, est déchirante: qu'avons-nous fait à nos enfants? Quel monde leur laissons-nous?

Sanctuaire du coeur de Duong Thu Huong, en librairie le 15 septembre 2011.



visuel non disponible Présentation de l'éditeur:

De beau matin, le téléphone sonne chez Dara, , le narrateur, écrivain installé à Londres: son ami de jeunesse, à qui il confiait ses epsérances politiques mais aussi ses secrets d'alcôve, le tire du sommeil pour lui rappeler une vieille dette d'honneur. Plus de quarante ans se sont écoulés depuis leurs années soixante à Lahore, et platon, devenu un peintre célèbre et controversé, veut que Dara écrive sa vie.

Dara tire aussitôt prétexte de cette biographie de commande pour partir sur les traces de ses condisciples d'alors, avec qui il militait clandestinement. Dispersés à travers le monde, ils ont emprunté des voies fort divergentes. Mais tous - le chirurgien républicain comme le combattant maoïste - font finir par se retrouver au pays natal pour le dévoilement du grand oeuvre de Platon: une toile gigantesque intitulée "Les Quatre Cancers de Terrepatrie" - l'Amérique, les militaires, les mollahs et la corruption.

Car il est question, dans ce roman résolument contemporain, du Pakistan d'aujourd'hui (jamais nommé), dont Tariq Ali brosse un portrait dévastateur, mais pour des raisons qui ne sont pas forcément celles qu'invoque le discours occidental. Témoin la pseudo-victime de l'islam devenue la coqueluche des médias français que met en scène l'écrivain.

Si le regard de Tariq Ali est acéré, celui-ci reste un formidable conteur. Quand il dénonce le féodalisme, c'est à travers le personnage de la belle Zaynab, la compagne de Platon, qui jeune fille a été mariée au Coran... pour éviter que le patrimoine familial ne soit dilapidé. Et l'histoire d'amour de Dara avec Jindié, le "Papillon d'or" du titre, tient le lecteur en haleine tout le long du roman.

On retrouve bien, dans cet éblouissant cinquième volet du Quintet de l'Islam, Tariq Ali tel qu'en lui-même: drôle, imaginatif, intelligent, satirique et diablement informé.

La Nuit du Papillon d'Or de Tariq Ali, en librairie le 06 octobre 2011.


 

Nestor rend les armes et Sanctuaire du coeur seront, je pense, deux de mes lectures chez Sabine Wespieser pour cette rentrée littéraire.


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