Le premier été - Anne Percin
Grâce à Libfly et au Furet du nord, j'ai la chance de vous présenter aujourd'hui Le premier été d'Anne Percin, un roman à paraître aux éditions du Rouergue le 24 août 2011.
Je retourne le livre et je vois (ou plutôt j'ouvre la feuille de présentation du roman):
Catherine, libraire d'une trentaine d'années, est de retour en Haute-Saône avec sa soeur aînée, Angélique, afin de vider la maison de leurs grands-parents décédés. Depuis longtemps, Catherine s'est tenue à l'écart à l'écart de ce petit village. Pourtant, chaque coin de rue ou visage croisé font surgir en elle des souvenirs précis et douloureux alors que sa soeur a même oublié les prénoms des copains de vacances qu'elles retrouvaient chaque été, lors des séjours en famille. "J'ai une de ces mémoires. Une de celles qui ne laissent pas de zones d'ombre et aucune place au doute. Une mémoire cruelle", dit-elle. Angélique a fondé une famille, Catherine, non. C'est une femme solitaire, à l'adolescence déjà elle passait ses heures dans les livres. Mais pour ce qu'elle a vécu, adolescente, dans ce village, "il n'y a pas eu de mots. Il n'y en a jamais eu, ni avant, ni après. C'est quelque chose qui ne ressemble à rien d'écrit." Pourtant, alors que la maison, bientôt vendue, est nettoyée de ses souvenirs, Catherine laisse remonter le secret qui l'étouffe depuis l'été de ses seize ans. Un été en apparence banal, passé comme d'ordinaire avec sa soeur chez ses grands-parents. Son récit va se dévider lentement, un récit en apparence tout lisse. Retrouvailles avec les gamins du village. Cueillette des haricots avec les grands-parents. Après-midis de chaleur passés au grenier dans la lecture du Grand Meaulnes. Piscine, flirt de sa soeur avec un rouquin de la colonie... Angélique, de deux années plus âgée, sait déjà s'y prendre avec les garçons. Catherine, elle, est trop timide, trop sage. Les passions et les désirs, elle les vit par l'entremise des héros des grands romans qu'elle dévore.
Mais cet été-là, tout va basculer. Ce qui a eu lieu, personne ne l'a jamais soupçonné, même pas sa soeur. Pourtant, il y a de quoi en faire des "cauchemars toute une vie". Qualque chose meurt cet été-là: pas seulement l'innocence du corps, celle de l'âme.
On restera discret sur le coeur de l'intrigue: Anne Percin sait nous faire descendre marche après marche vers le dévoilement de cet été sauvage, jusqu'au drame dont la narratrice espère n'être peut-être pas coupable. C'est une histoire d'innocence et de cruauté que nous raconte Anne Percin. Belle et implacable à la fois, comme tous les crève-coeurs de l'enfance.
Et j'en pense quoi?
Un profond malaise s'installe à la lecture de ce premier été. Et l'on peut dire qu'Anne Percin sait y faire. Passée la première impression (assez dérangeante) du "comme à la maison", il semblerait qu'on ait tous passé les mêmes vacances chez les mêmes grands-mères, nous pouvons passer aux choses sérieuses.
Catherine a aujourd'hui une trentaine d'années mais ses 16 ans sont toujours là, bien présents dans sa mémoire et maintenant dans la nôtre. Tension palpable, angoisse permanente, nous ne sommes pas au coeur d'un polar mais l'auteur nous impose le drame de son personnage et nous transmet sa souffrance, ses désirs et surtout sa culpabilité. Anne Percin manie à la perfection les tourments de l'âme et du corps. Un roman perturbant et fort.